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Le chemin de St Jacques 2015

Le chemin de Saint-Jacques

Rudy Maquet



Santiago… Santiago…

L’écho vibrait … depuis Romponcelle… Par vagues successives, il résonnait par monts et par vaux… Il se propagea à la Gaume entière.
Santiago… Non, ce n’était pas Hugues Aufray, qui cheveux au vent, entonnait son célèbre succès à la Rompompon tournante… Rien de cela, en fait… Cela ressemblait plutôt à un cri.

En réalité, il s’agissait d’un appel lancé du haut de la Chavée par… Jacques… Non, pas notre Jacques, le grimpeur du VS Jamoigne… mais Saint-Jacques en personne, l’Evangéliste, l’apôtre, le pêcheur, le Majeur, le Matamore… bref, le fils de Zébédée…

Le saint homme avait visité en songe Saint-Etienne, fils de Joseph, et Saint- Pierrot, fils de Jean, les intimant de le rejoindre… à Compostelle.
Santiago… C’était bel et bien le cri de ralliement des Jacquets… Non, pas ceux de Les Bulles voire de Jacquet Pêche à Pin… pour rejoindre via un réseau de chemins antiques, la Galice et la sépulture de l’apôtre.

Dès lors, de floue, l’irrésistible idée devint fixe. Elle fut alors planifiée avec méthode et rigueur par nos deux cinquantenaires, en quête de spiritualité.
Au lieu de sacrifier leur enfant, à l’image de Moïse, sur l’autel de l’église de Jamoigne, ils les intégrèrent dans leur projet fou d’expédition. La priorité… forger le tendre caractère de ces adolescents imberbes et leur enseigner le courage et l’abnégation. Alexandre-le-Bienheureux, célèbre pour ses conquêtes… au Club des Jeunes, et Saint-Donatien, littéralement le cadeau de Dieu, se mirent en devoir de nettoyer les vélos poussiéreux et de graisser les chaînes rouillées.

Le mot d’ordre fut entendu par d’autres pécheurs. Un berger… du nom de Guy… quitta son étable à Musson, pour se mettre au volant de la voiture balai. Rassembler le troupeau disséminé sur les routes, montrer la voie à suivre et veiller au bon grain, c’est-à-dire au casse-croûte, telle était sa mission. Mais bien davantage encore, il serait le pourvoyeur… de l’eau bénite.

Tout ce petit monde décida de se mettre sous la protection d’un autre saint… un saint majeur hiérarchiquement parlant… un guide suprême capable de remettre les infidèles sur le bon sentier, de leur éviter tous errements et vagabondages sur des départementales de traverse et des culs-de-sac tortueux de la France profonde…
Le grand Saint-Michel. Personnage emblématique, quoique controversé, du sport religieux, Saint-Michel fait figure d’imam dans le mouvement réformateur de la branche la plus fondamentaliste de notre cyclisme actuel. Sa façon de pédaler, rythmée d’incessantes allées et venues en tête de peloton, est révolutionnaire. Sa selle, pour roubignolles hindouistes, permet de longues postures extatiques… Dans un élan paternel de générosité, il accepta d’épauler les néophytes du cycle et de conduire l’opération spirituelle à son plein succès. Sa devise…  «  mouliner sans jamais se faire crever ». Quel apôtre, ce Michel…

Enfin, deux gars du coin, les deux disciples d’Emmaüs feraient aussi un bout de chemin avec les autres pour témoigner. Ces deux lièvres auraient aussi pour tâche, d’ouvrir la voie, de protéger les autres du vent et des intempéries… et le soir venu… de changer l’eau en vin. Saint-Jean-Pierre et Saint-Rudy se levèrent après une bringue à Muno, et pédalèrent, acceptant leur basse condition.

Le convoi se mit en marche le dimanche 19 juillet de l’an 2015 sous les regards remplis d’émotion des smalas réunies. Sandrine et Martine, deux Saintes Nitouche du pays, pleuraient en cœur en agitant leur mouchoir brodé… Alléluia, alléluia,… Face à leur destin, les hommes répondirent : « Amen ».
Et il en fut ainsi…


Croissants chez Sandrine avant le départ




Au premier jour…


Le chemin de Saint-Jacques débutait effectivement à Orval. Une fois la descente de la Jacquette passée, l’abbaye s’offrait à nous dans un lever de jour promet-teur. Les cieux étaient cléments. Ni pluie ni orages prévus, encore moins de canicule à ce jour… juste un petit vent frémissant sous le casque, signe que Saint-Jacques murmurait à nos oreilles.

Mais à Villers, avant le poste frontière, un mauvais présage vint obscurcir notre enthousiasme débordant. Une première crevaison pour Rudy. Saint-Michel diagnostiqua un fond de jante déficient qui provoquerait des crevaisons à répétition. La chambre à air fut vite remplacée mais le maître, qui ne manquait pas d’air, avait prédit des malheurs à venir.

Margut, Laferté, la côte de Stenay… tout semblait si facile et si simple… trop simple pour nos mollets aguerris. A notre passage, les éoliennes de la Meuse nous saluèrent par des grandes rotations de palles. La campagne était riante et le paysage ouvert. Nous en avions tous le sourire béat. Toutefois, le mauvais présage de Villers tourna à la poisse après le premier rond-point de Stenay. La deuxième crevaison de Rudy fut annoncée. Saint-Jacques testait-il notre bonne foi et notre… fond de jante?

-Je vous l’avais bien dit… hurla Saint-Michel sans filtre aucun. Dans une hâte toute ponceletesque, il s’employa à démonter sa roue de secours… sans succès. Tel un ballon de baudruche lâché, il courait en tous sens. Mais, après une minutieuse analyse, une autre cause fut trouvée... Un petit caillou, bien dissimulé, avait perforé pneu et chambre à air. Ce n’était pas des broutilles de ce type qui arrêteraient les pèlerins que nous étions déjà devenus…

Cependant, le diable rôdait dans les parages au passage de la Meuse, non loin du petit port aux vedettes. Là, Michel fit une brusque sortie de route. La chute collective fut évitée de justesse. La cause… un besoin urgent de téléphoner. Le groupe poursuivit sa lente progression. Le jeune cadre dynamique nous rattraperait bien. Hélas pour lui, il perdit à cet instant le fil de la balade, rata le carrefour suivant à Beauclair… poursuivit vers Vouziers, direction Reims, Paris… le tunnel sous la Manche. Qui sait si à cette heure, il ne serait pas à Londres… Piccadily Circus… voire les îles Féroé… Il annonçait donc la couleur ; ce périple serait pour lui… la grande vadrouille.
Heureusement, Guy, en bon père de famille, ramena la brebis perdue. Bien sanglé derrière la voiture, protégé du vent et profitant de l’aspiration, Michel nous rejoignit… 30 kms plus loin.

Les villages et leurs beaux monuments se succédaient sous nos yeux charmés… la cathédrale médiévale de Sassey du XIe, la ville-haute fortifiée de Dun, chère aux Maquet, le cimetière de Romagne où 15000 soldats américains furent inhumés suite à l’offensive de la première guerre mondiale, la célèbre butte de Montfaucon, ne désignant nullement l’un d’entre nous et enfin Varennes, marquant notre entrée en Argonne. Ce fut ici que notre déserteur réintégra le peloton. Au regard sombre de Pierrot, on comprit qu’il venait d’échapper … à la guillotine, et cela juste sous la plaque commémorant l’arrestation de Louis XVI .

80 kms avaient été parcourus. Nous étions à mi-chemin de la première étape. C’était l’heure du casse-croûte. Un sandwich au supermarché de Varennes ferait l’affaire mais ne fit pas l’unanimité. Un menu du jour, bien arrosé, dans un bon petit resto… le choix fut vite fait. Nous avions grand besoin de sels minéraux et donc de bières. Notre président du VS Jamoigne se chargea de passer commande des demis litres.
Avec un quart de vin à l’apéro plus un autre quart en cours de repas, Michel était à moitié rond.

La remise en selle fut un peu pénible. Flairant l’oignon, Donatien décida de rappeler sa mère et de quitter lâchement le groupe, motivant des fesses douloureuses et une seconde session à l’unif. Alexandre garda sa ligne de conduite… toujours bien en selle… droit devant. Pierrot siffla la fin de la récréation. Le convoi se remit en marche… Etienne commençait à croire au miracle.

Mais le vent forcit ; le ciel s’obscurcit. Allait-il pleuvoir? Était-ce la phobie des grands espaces cultivés, mais c’est avant Clermont-en-Argonne que Michel signa sa deuxième escapade. Il abandonna, seul et sans ressources, son poulain Etienne, le livrant au rythme effréné des mercenaires du vélo qui fendaient le vent. Il nous fallut poser pied à terre et attendre le fuyard. Un journaliste du coin nous fit patienter en prenant des clichés du groupe.
Enfin il se passait quelque chose dans son trou perdu. Il aurait l’occasion de placer une photo originale dans le Républicain lorrain entre la nécrologie et les sudokus.

Finalement, à Triaucourt, on retrouva le fugueur, enchaîné à la skoda, sur le parvis de l’église. Il échappa cette fois à la décapitation, sort réservé à Saint-Jacques deux siècles plus tôt. Pierrot avait déjà sorti la hache et le cugne. En bon chasseur de primes, Guy allait empocher un petit magot. Mais ici encore, il fallait garder la tête sur les épaules et poursuivre l’aventure en toute solidarité. Etienne changea de statut. D’élève, il devint le maître… Michel fut rétrogradé, devenant un vulgaire suceur de roue.

Laheycourt… Revigny… Nous passions du département de la Meuse à celui de l’Aisne. Entre Champagne et Lorraine, perdue entre ses anciens champs de bataille et ses cimetières militaires, l’Argonne offrait au regard ses immensités couvertes de blé. Le temps semblait s’être arrêté dans ces villages déshérités et dépeuplés. Ici plus qu’ailleurs, la crise sévissait. Mais à Sermaizes, les cultures cédèrent le pas aux forêts et aux prairies.
Les vaches remplacèrent l’épeautre. Et puis ce fut à l’abbaye de Sept-fontaines, une halte bien méritée. Le temps de quelques photos dans ce bijou architectural… et nous terminions en roue libre et libérée les derniers kilomètres qui nous séparaient du but de la première étape… Saint Dizier… à l’évidence, un autre saint torturé…

La priorité était de trouver l’hébergement pour pèlerins, une hostellerie, un hôtel-Dieu quelconque… voté… ce serait le Campanile. Bien s’étirer, se relaxer, s’hydrater… Michel prodiguait ses conseils de vieux pisteur. Je vous rapporte ici la manière, pour cycliste transpirant, de prendre une douche selon la règle de Saint-Michel.
a. Se mettre tout habillé sous la douche.
b. Savonner et frictionner vigoureusement de la tête au pied.
c. Se dévêtir et laisser maillot et cycliste au fond du bac.
d. Se resavonner le corps dénudé et salé.
e. Essorer le tout à l’eau claire.
f. Sécher les vêtements la nuit en se rinçant le gosier au bar.
g. Le petit matin venu, remettre le maillot légèrement humide, le vent frais se chargeant de terminer le séchage.
Et il n’en fut pas ainsi…

Après un repas calorique pour baroudeurs… deux plats pour certains sous l’œil incrédule de la serveuse… et des grandes bières pour bien pisser la nuit, nous regagnions notre chambre imprégnée d’une forte odeur de cigarette… Vive le Campanile.

Dieu vit que ce voyage était bon… Il décida de créer le deuxième jour.



Au deuxième jour…


L’aube remplaça la nuit. L’Aube remplacerait aussi la Haute-Marne et l’Aisne. Au menu de cette étape, rien que des régions de pinard… la traversée de la Champagne et l’entrée en Bourgogne… le bonheur assuré… Que du grand cru.
Pierrot enfourcha sa monture et donna le coup d’envoi. En gardien du timing, style Père Fouras, il était le métronome de la bande. Plus craintif sur ses performances à venir, Etienne annonça qu’il faudrait réduire l’allure et y aller mollo. Amusé par la fragilité des anciens, Alexandre partait la fleur au fusil, insouciant des efforts à venir.
Guide du routard en main, Guy démarra la Skoda, convaincu de la précision du GPS. Sentant le tabac, Jean-Pierre et Rudy rotaient encore les bières de la veille. Michel cherchait encore à enlever le fond de jante de la roue de secours…

Côté itinéraire, pas de choix possible selon Google maps… une longue nationale de 40 kms au milieu d’un trafic dense de semi-remorques bruyants et de petites voitures nerveuses. C’est donc en formation serrée et en file indienne que notre groupe progressait. Pas le temps de faire de l’observation ornithologique sur les lacs du Der. Toute cette eau destinée aux Parisiens, ne devait pas nous faire oublier de bien nous hydrater pour faire passer le goût du gasoil des camions.

La route, moutonnée de petites buttes éprouvantes, se fit prudemment sous des rafales de vent de plus en plus fortes. Mais déjà, poids plume au milieu des poids lourds, Michel était décramponné et prenait le vent comme un bateau en papier sur une flaque d’eau. Après une attente qui nous sembla une éternité, nous le vîmes poindre à l’horizon, son petit sac sur le dos et son petit fessier toujours en danseuse. Il semblait épuisé sous des rafales de vent renforcées du Sud-Ouest.
Un long chemin de croix commençait pour lui. Il fallait veiller à sa protection rapprochée… Désormais, il devait coller les roues et crier à l’aide en cas de faiblesse. A Montier-en-Der, il voulut dévaliser une banque en fracassant les portes, pour se payer un billet de train retour. Le mieux était de déguerpir au plus vite vers Brienne. La silhouette majestueuse du château dominait l’horizon. Une pause était nécessaire à l’ombre de l’imposant édifice du XVIIIe siècle. Grany et biscuits militaires remontèrent le moral.

Chateau de Brienne

A Brienne-la-Vieille, nous entrions dans la Parc régional de la forêt d’Orient. Selon la légende, cet immense domaine forestier cachait encore le trésor des Templiers depuis leur persécution au Moyen-Age.
Plus loin, nous franchissions notre troisième fleuve. Après la Meuse et la Marne, nous enjambions la Seine dans la pittoresque cité de Bar-sur-Seine.



Passage de la Seine à Bar-sur-Seine



Le fidèle qui part en pèlerinage affirme sa foi et … son foie. La pause midi s’imposait. Guy, parti en éclaireur, avait repéré un sympathique restaurant au centre-ville, tenu par une charmante anglaise rousse qui plût de suite à Michel… Un menu, trois plats, redonnerait courage et ferait renaître le jacquet qui sommeillait en nous. Etienne suivit le conseil d’un Michel redevenu euphorique… Il se mit au vin. Plus question de s’emmerder avec des quarts de litre… deux bouteilles furent commandées. Précautionneux,  Pierrot resta à la bière, Alexandre au coca et Guy au Périer… Quelle famille, ces Maitrejean… Quant à lui, Jean-Pierre prit un peu de tout…

Pâté en gelée, poulet crème champignons, chaource crémeux, voilà qui redonnerait consistance au voyage. Dans un élan de vigueur retrouvée, Michel raconta à l’assistance ébahie et à la patronne anglaise, son histoire de cul… hier, de couilles… hier, de cuillères… avec un parfait accent d’Outre-Manche. Il épata la galerie et fit un tabac au bar. Certains voulurent lui offrir le champagne… il voulut le sabrer séance tenante. Oubliée la peine de la route… Oublié le vélo.
Craignant de ne jamais arriver à destination, Pierrot le ramena à la raison et ordonna, manu militari, la remise en marche immédiate. Béni soit-il… Sinon nous y serions encore… La suite lui donna d’ailleurs amplement raison.

Avec l’entrée dans le département de l’Aube, le soleil se fit plus dur, les gorges plus sèches… surtout après le vin. Et après les rafales au bar, redoublèrent les rafales de vent. Eole montrait ses muscles en soufflant par bourrasques. Les bois et les prés s’ouvraient maintenant sur des coteaux de vignes, annonçant le superbe village des Riceys, réputé pour ses trois AOC… Champagne, blanc et rosé des Riceys… Cuvant son vin, Michel était à nouveau distancé… Un corbillard passa à notre hauteur… Un frisson nous parcourut l’échine… Michel avait-il trépassé ? Quelle belle mort… Puis l’ange passa, ramené une nouvelle fois par Guy, notre fidèle Border Collie.

Mais avant Laignes, Michel s’écroula littéralement au pied d’un gros chêne sous la pancarte « Chemin du grand veau ». Il y fit une sieste éclair de… 30 secondes avant d’aller frapper aux portes pour quémander de l’eau. La température s’accentuait. Les bornes fontaines furent prises d’assaut.

Puis arriva la Bourgogne… La terre promise pour assoiffés de notre espèce… Mais c’était aussi le retour d’un relief plus tranché et exigeant avec des plateaux plus élevés. Était-ce l’épuisement qui guettait que nous avions tous l’impression d’entendre des appels répétitifs… ou était-ce le vent salé de l’Atlantique qui transportait vers nous des mouettes criardes? Non, il s’agissait de Michel qui hurlait « léger…léger… ». Parlait-il de Fernand Léger, célèbre peintre cubiste français ? Que nenni… il tentait de ralentir le rythme d’un groupe de plus en plus éclaté sous les coups de boutoir du vent.

Et arriva ce qui arrive même aux plus valeureux. Las de faire tourner le pédalier sur le petit plateau, il posa pied à terre et ôta casque et gants. Il rendit les armes. A la manière de Simon de Cyrène dans la montée du Golgotha, Guy lui prit le vélo des mains et le rangea dans la Skoda. Le gourou monta à la place du mort. Si seulement il avait eu son vélo électrique. Etienne versa une larme sur le maître déchu… puis, orphelin, s’en alla... sans se retourner.

Il restait une trentaine de kilomètres à effectuer à notre arrivée à Pinelles et à Gland. Le périple devint plus dur, plus sexuel. Il fallait alors réveiller les grimpeurs qui étaient en nous. Les collines offraient de jolis déhanchés et des mamelons plus affirmés.
Comme un spermatozoïde lâché précocement, le TGV pénétra ce réseau de collines roussies par la chaleur. Il traversa notre champ de vision, tranchant avec notre lente progression. Sous l’effet de l’effort et du vent, nous avions le dos courbé comme des voûtes de cathédrale, les coquilles saint Jacques échauffées et les derrières en ronde-bosse. Alexandre grimaçait… Etienne avait le regard hagard… Pierrot regardait fixement son boyau avant qui semblait reculer.

Et puis au bout de l’horizon, on devina la silhouette de Noyers-sur-Serein, le terminus de la deuxième étape. La cité bourguignonne, considérée comme l’un des plus beaux villages de France, nous accueillit à bras ouverts à l’intérieur de ses remparts.
On entra en conquérants dans la superbe bourgade par la porte de Bourgogne. Du coup, la fatigue s’envola… La bière coula à flots sur la place du village, non loin de l’auberge où fut tournée jadis, une célèbre scène de la grande vadrouille. Ragaillardi, Michel redevint De Funès sur les épaules endolories de Jean-Pierre Bourvil.

Martine était arrivée apportant réconfort à son homme et son sourire agissait sur lui comme un baume au cœur. Donatien réapparaissait comme par enchantement… au volant de la VW décapotable, le vélo sans doute démonté dans le coffre. Certains logeaient à l’Etape-au-vin…d’autres au  moulin de La Roche, question de standing…Rendez-vous était pris au restaurant.

La commande fut prise par le patron… un franco-hollandais habitué sans nul doute aux graines de pavot … un phénomène style émincé de volaille, cheveux en pagaille, lunettes en écaille… aux mœurs indéfinissables. Dans un langage châtié, il nous convainquit de manger sa cuisine bio-originale-locale-mai soixante-huitarde attardée, relevée d’un Côte d’Auxerre rouge sélectionné par ses soins. Il fit impression et sa cuisine… merveille. Certains avaient même sélectionné un plat à l’image du groupe… des escargots de Bourgogne.

Et Dieu comprit que c’était meilleur encore… il décida de créer le troisième jour… et de remettre Michel en selle et en scène.


Noyers sur Serein



Au troisième jour…


De Noyers, nous devions rejoindre la montagne sainte, l’un des points de départ vers Compostelle… la prestigieuse Vézelay. En son sommet se dressait la sculpturale basilique Sainte-Madeleine, tympan et fronton devant, comme la proue d’un navire venant évangéliser de nouvelles contrées. Vézelay… c’est le La Mecque de la Bourgogne… le paradis des francs-maçons et des grenouilles de bénitier… l’antre des pécheurs repentis et des chanteurs grégoriens.

Nous y arrivâmes comme on arrive en terre sainte… en suivant les coquilles sur le chemin. Devant la basilique, nous embrassâmes le sol. Après une heure passée dans les confessionnaux, nous nous sentîmes plus légers… nous pouvions mourir en paix. La chaleur pesait… comme une enclume dans les flammes de l’enfer.

Puis vint le moment de la séparation. Cette histoire est déjà trop triste pour que je m’étende trop sur ce douloureux épisode dans la vie d’un jacquet. Au pied de la butte sacrée, les pèlerins poursuivirent leur route vers le Sud-Ouest jusqu’à Sancerre en Loire. Les deux disciples d’Emmaüs s’orientèrent vers le Nord, le vent en poupe, filant vers Troyes en Champagne…
Nous reprîmes donc chacun notre chemin en nous faisant un signe de la main, ain,ain… Et même si une lourde canicule sévit ce jour-là sur la France, chacun arriva à bon port avec des fortunes diverses.

Toujours est-il que ce fut un beau roman, une magnifique histoire. Que tous les acteurs de cette télé-réalité soient vivement remerciés… Merci à toi Pierrot pour ta force tranquille et ton sens de l’organisation… merci à toi Alexandre pour ton insouciante jeunesse… merci à toi Etienne pour ton courage et ta volonté de te dépasser… merci à toi Michel pour tes talents d’animateur et d’acteur… merci aux disciples d’Emmaüs d’avoir été dans le vent et d’avoir joué leur rôle de Kway…

Et ce jour-là, la nuit venue, apparaissaient une à une dans le firmament, les constellations… et l’étoile du berger… merci à toi Guy pour ta bienveillance…

Santiago… Santiago…











































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Auteur Commentaire en débat
jalber
Posté le: 07/09/2015 23:51  Mis à jour: 08/09/2015 00:03
Administrateur
Inscrit le: 04/02/2011
De:
Contributions: 2
 Félicitations
Pour avoir eu la chance de vivre cette aventure, je peux vous garantir que tout est réel...meme pas un petit peu d'exagération!

Superbe texte.
Félicitations Rudy.
Bravo aussi à Alexandre, Pierrot et Etienne qui, après une bonne semaine, ont rejoint la frontière espagnole via le col de Roncevaux

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